Short story

My Mistakes Were Made For You - The Last Shadow Puppets (lyrics)

Depuis plusieurs années je me gave de pâtisseries. C'est le samedi, en début d'après-midi généralement, après le shopping du matin. Je ne peux me passer de ce plaisir qui s'est transformé en un rituel sacré. Il faut dire que ma gourmandise avait un alibi puisque j'avais dégoté une boulangerie-pâtisserie qui proposait de véritables merveilles à quiconque passait la porte blanche. À l'intérieur, tout était parfaitement agencé dans une pièce spacieuse et simpliste, les sandwichs et mets salés en tous genres étaient rassemblés à droite alors qu'on apercevait les pains ornant des paniers en osiers au centre. Mais ce qui retenu mon attention lorsque je m'y suis rendu pour la première fois – un peu par hasard je dois dire – sont toutes ces pâtisseries parfaitement conçues et admirablement bien disposées. Mes yeux se sont radicalement stoppés sur l'une d'entre-elles, une tartelette pomme-cannelle. En la croquant, le plaisir avait envahi mes dents, ma langue puis mon palais et j'ai très vite compris que cela sera bien plus qu'un one-afternoon-stand. Au fur et à mesure des dégustations la satisfaction ne cessait d'augmenter et il ne m'était jamais venu à l'idée de goûter à autre chose que cette tartelette qui comblait mes papilles alors que le simple fait de la sentir dans sa boite cartonnée me rassurait. À force, la vendeuse me reconnaissait, souriait et se dirigeait instinctivement vers l'aliment convoité. Parfois, elle lançait un "une tartelette pomme-cannelle ?" avec un air fier et amusé. Un jour, il y avait un peu plus de clients qu'à l'accoutumée alors, pour passer le temps, je regardais les autres pâtisseries. Curieusement, j'ai aperçu un moelleux au chocolat qui me parut fort tentant mais ma conscience ne me permettait pas de changer mes habitudes aussi subitement. La semaine suivante, l'apercevant à nouveau je me permis de demander pour quelle raison le moelleux au chocolat avait fait son apparition dans la vitrine. J'apprends avec surprise que le moelleux a toujours été là, à côté de ma pâtisserie favorite. Tourmenté, je me demande alors comment avais-je fait pour ne pas l'apercevoir durant tous ces mois, moi qui d'ordinaire suis assez friand de moelleux au chocolat. Dès lors, ma tartelette n'avait plus le même goût, elle restait délicieuse mais une force incontrôlable m'amena à la déguster en imaginant les sensations que pourraient procurer le moelleux. D'un autre côté, l'habitude de la tartelette est tellement ancrée que changer pour le moelleux me ferait désormais perdre toute crédibilité aux yeux de la vendeuse et bouleverserait mon amour propre.

J'entre dans la boulangerie. Je connais maintenant avec précision les sensations de cette tartelette et si je l'apprécie toujours autant, elle est moins surprenante. Le moelleux est aguichant mais deux pâtisseries seront de trop pour moi seul. Dois-je me laisser tenter par la nouveauté, ses espoirs et ses incertitudes ou dois-je opter pour la valeur sûre et sécurisante qui ne me décevra pas ? Le choix est cornélien. Goûter au moelleux me conduira peut-être à délaisser définitivement la tartelette. Ne pas y goûter pourrait me frustrer. Goûter au moelleux pourrait me faire prendre conscience qu'avant-tout je préfère la tartelette pomme-cannelle. Ne pas y goûter me permettra de continuer à me dire que ce moelleux doit être délicieux.

Comments

[mari]

tres bien ecrit, j aime bcp ta ptite histoire qui en plus, m a donne faim!
bonne chance pour ce nouveau depart.
mariane

[Emi]

Bientôt ça sera du pudding ou de la jelly =)

[jon]

tres tres fort richards...
toujours!